Bernard Stiegler, avec Ars Industrialis, a créé le cours Pharmakon afin de faire ressurgir la philosophie au-devant de la scène publique, et comme contribution à la définition du public, et donc au-devant de la scène politique, aussi bien que la scène économique, technologique et industrielle.
Le cours (2010-2014) s’adressait aux lycéens et, de manière plus générale, au grand public. La thèse centrale repose sur le fait qu’une dénégation quant à la question du pharmakon– c’est-à-dire de la technique, puis de la technologie – s’est produite avec La République de Platon et que c’est cette dégénération qui empêche aujourd’hui de penser un nouvel avenir. Le pharmakon de Platon était l’écriture, qu’il voyait comme ayant des effets désastreux sur la mémoire. Cette thèse a été reprise par Derrida, qui nuançait les effets du mot écrit, tandis que Foucault (Les techniques de soi) approchait l’écriture comme une manière de prendre soin, c’est-à-dire une technique pour de nouvelles expériences de soi, ce qui veut aussi dire de nouveaux devenirs(/avenirs).
Le cours Pharmakon insiste de cette façon sur les complexités et contradictions de toute technique et technologie, du livre au smartphone, qui sont toujours, en tant que pharmaka, à la fois un poison et un remède.